Ivan Massonnat : le chenin comme vecteur de terroirs d’exception au domaine Belargus

 

Convaincu et énergique, Ivan Massonnat est vigneron depuis un an. C’est à lui que Jo Pithon, vigneron bien connu de Savennières a confié ses neuf hectares de vignes. Il a complété ce domaine par d’autres parcelles et a nommé son domaine Belargus, du nom d’un papillon bleu très rare que l’on rencontre sur son coteau des Treilles.

En cave comme aux vignes, les références d’Ivan Massonnat sont souvent bourguignonnes (cuvées parcellaire, élevage long en fûts, …) mais c’est bien le terroir de l’Anjou qui focalise toute son attention. « Le chenin c’est un cépage qui, comme le pinot noir en Bourgogne, est un vecteur de terroir. En ne faisant que du chenin, j’essaye d’aller chercher de la manière la plus précise possible l’expression du terroir de chaque parcelle. C’est un outil. »

« On a la chance ici d’avoir un chaos géologique. En Anjou il y a l’Anjou noir et l’Anjou blanc, ici on est dans l’Anjou noir. On est sur le massif armoricain, ère primaire  donc sur des roches de 400 millions d’années jusqu’à Saumur. A partir de Saumur, on bascule sur le bassin parisien et sur les calcaires, des terroirs qui n’ont rien à voir. Ici on est dans une région de shistes, mais avec des cassures, des failles. »

Bon vivant et œnophile averti, ce Parisien a cherché pendant plusieurs années un endroit où réaliser son rêve : faire du vin. Venant en vacances à Chinon  où il dispose d’une résidence secondaire depuis 12 ans, c’est tout naturellement qu’il a développé une passion pour les vins de Loire. Il a donc franchi le pas en 2018, une année rêvée pour un premier millésime.

Le domaine Belargus est exclusivement planté en cépage chenin. Il dispose d’une collection de terroirs situés sur les différentes appellations de l’Anjou : Quarts de Chaume Grand Cru, Savennières, Anjou Blanc, … Les 26 hectares du domaine vise à être certifié en Biodynamie dès que possible.

« C’est cette vigne là qui m’a fait basculer dans l’aventure ». L’enthousiasme d’Ivan Massonnat pour sa vigne du Coteaux des Treilles est contagieux. Il avait déjà touché Jo Pithon qui en était le propriétaire avant lui et en avait fait le fleuron de son domaine. « Patrick Baudoin m’a présenté Jo qui m’a amené ici, un matin, sous la neige. On était tous les deux sous la neige ici, j’ai eu le choc graphique de la beauté du lieu déjà. »

« Ici on est au coeur d’une réserve naturelle classé. Au sommet, un botaniste a découvert des espèces méditerranéennes (qui n’ont rien à faire sous ces latitudes). Il a créé une société savante qui a commencé à faire des analyses … Ils ont révélé que sur ce piton rocheux il fait 1 degré de plus que dans les environs. Ils ont aussi dénombrés plus de 420 espèces de plantes, et un très grand nombre d’insectes. Il y a une biodiversité très importante dans ce lieu car il n’y a jamais eu de chimie … Les vignes ont été abandonnées après guerre car les rendements étaient trop faibles et c’était impossible à mécaniser. Du coup la nature a repris ses droits et maintenant là où il y avait de la vigne il a y des forêts. Mais la parcelle existait bien, elle figurait au cadastre sous le nom « les Treilles ». Les Treilles sont donc au milieu d’une réserve de 10 hectares gérée par la Ligue de Protection des Oiseaux, et on essaye d’agrandir cette réserve en achetant des terrains aux alentours. »

« Les Treilles, c’est notre vin qui a le nez le plus floral de tous. Il est élevé en partie en foudre et en partie en fûts de 600L. C’est un terroir très capricieux avec deux types de sols différents. Au sommet de la parcelle on trouve de la roche magmatique : la spilite, une roche très dure qui provient des éruptions volcaniques sous marines il y a 420 millions d’années. En bas de la parcelle on est sur des poudingues. Cela a une incidence sur les maturités des raisins : cette année on a vendangé en trois fois cette parcelle. »

Le deuxième terroir particulièrement mis en avant à Belargus est celui de Quarts de Chaume, la seule appellation classée Grand Cru du Val de Loire pour ses liquoreux. Ivan Massonnat a acheté 10ha d’un seul tenant dans cette appellation. « Jo Pithon a été le premier à faire des vins secs sur Quarts de Chaume, c’était une vraie folie de faire ça. Généralement les gens ont très peu de Quarts de chaume et font des liquoreux. Nous on a choisi de faire des vins secs et de les vinifier en respectant le parcellaire. Nous vinifions donc deux cuvées séparément : les Rouères et les Quarts dont les terroirs sont bien différents ».

Le premier, les Rouères est une parcelle exposée plein sud située sur un sous sol de poudingues. Les grès poudingues sont des conglomérats nés d’éruptions volcaniques. Ce sont des sols très chauds, qui accumulent la chaleur la journée et la restituent le soir. Les poudingues donnent des vins larges et solaires. C’est notre terroir le plus riche, le vin le plus puissant.

De l’autre coté du chemin, la parcelle des Quarts est située sur des shistes donc sur des sols plus froids et on voit nettement la différence dans les vins, on le voit depuis le moût. On a la même signature avec un registre assez puissant mais avec un coté beaucoup plus tranchant. C’est un vin très droit avec énormément de longueur. Ce vin devrait avoir un grand potentiel de garde.

  

La dernière pépite du domaine que tient à mettre en avant Ivan Massonnat, c’est un terroir de Savennières, le Clos des Ruchères. «On a racheté ce petit coteau qui avant n’était pas planté en vignes mais qui a été planté il y a une quinzaine d’années. C’est un terroir extraordinaire avec très peu de sol puisqu’il y a 10 à 15cm de terre et en dessous c’est de la roche en feuillets. Ce sont des shistes ardoisiers c’est à dire des compressions d’argile. Ces roches sont très friables donc les racines peuvent plonger dans les failles. On va reconstituer le clos avec un mur pour entourer la parcelle car il y a déjà un mur existant d’un coté. Je pense que d’ici quelques années cette cuvée sera une de nos cuvées phare.»

Ce ne sont donc ni les projets ni l’énergie qui manquent à ce tout nouveau vigneron surmotivé qui espère bien contribuer à faire rayonner le chenin et l’Anjou avec Jo Pithon a ses cotés pour l’épauler. Il était cette année le président de la Paulée de l’Anjou, un signe que son intégration parmi les vignerons est déjà réussie et qu’il sait endosser avec plaisir le rôle rassembleur de porte drapeau pour son appellation.

Pour en savoir plus :

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