Goûter un vin sans ouvrir la bouteille, à priori c’est impossible. C’était sans compter sur Greg Lambrecht, un américain fondu de vin qui travaille dans le monde médical et qui a eu la brillante idée d’inventer Coravin. Un outil innovant permettant de servir un vin à travers le bouchon qu’il a présenté lors de son passage à Beaune ce week-end.
Comment ça marche ?
Le procédé est plutôt simple : à l’aide d’une très fine aiguille qui passe à travers le bouchon (et même la capsule), le vin est aspiré et le vide créé dans la bouteille rempli par un gaz contenu dans l’air, l’argon. L’élasticité naturelle du liège rebouche instantanément le trou minuscule créé par l’aiguille. Le vin restant dans la bouteille est protégé de toute évolution (l’oxydation notamment) par le gaz. La bouteille peut donc être conservée comme si aucun contenu n’en avait été prélevé.
Quel est l’intéret ?
L’intérêt est évidemment de pouvoir goûter le vin contenu dans une bouteille sans avoir à l’ouvrir et donc à la finir… C’est d’ailleurs pour cela que Greg Lambrecht l’a conçu. C’est lors de la grossesse de son épouse qu’il a pensé à élaborer cet outil, pour pouvoir apprécier un verre de telle ou telle bouteille sans devoir en sacrifier l’intégralité. Il a mis 9 ans à mettre au point cette aiguille qui transperce le bouchon sans l’altérer, en s’inspirant des matériels médicaux.
« Cela permet par exemple en une soirée de goûter plusieurs bouteilles de vin, au lieu d’en ouvrir une seule. De comparer différentes régions sur un même millésime, de goûter plusieurs vins d’un même producteur. » explique Greg Lambrecht. « On peut aussi surveiller l’évolution d’un vin. D’en prélever un tout petit échantillon pour voir s’il est prêt à être bu ou s’il peut attendre encore un peu en cave. Les restaurateurs évidemment peuvent s’en servir pour vendre des vins rares au verre puisqu’ils n’ont plus à se soucier du problème de l’évolution de la bouteille. Coravin est déjà beaucoup utilisé dans les restaurants new-yorkais. Les marchands de vins peuvent également ainsi proposer de goûter la bouteille avant de la vendre, un avantage qui peut aussi intéresser les vignerons lorsqu’ils font déguster leurs vins. »
Est-ce que ça marche ?
Greg Lambrecht a mis une dizaine d’année pour mettre au point cet outil. Évidemment cela ne marche que sur les bouchons en liège, inutile d’essayer avec des bouchons en plastiques ou des capsules à vis … Il dit avoir comparé l’évolution des bouteilles entamées avec ce procédé avec des bouteilles similaires jamais entamées et n’avoir constaté aucun signe d’oxydation notamment.
Il est pour l’instant impossible de se procurer cet objet en France, mais son inventeur est activement à la recherche d’un distributeur en France et espère pouvoir le commercialiser d’ici quelques mois. Il faut tout de même préciser que ce gadget coûte 300$ et qu’il faut ensuite se procurer les cartouches de gaz d’argon de rechange. Quelques chanceux s’en sont néanmoins déjà procuré comme Frédéric Morandi au bar à vin italien Le Bronx à Dijon (dont j’espère vous reparler très vite ici).
Pour en savoir plus, je vous recommande cet article de Jancis Robinson (en anglais) ainsi que l’article de Bourgogne Live !
Merci à Anne-Sophie de m’avoir permis de découvrir cette étonnante innovation !